Session : eau, ethique, pedagogie
Texte intégral
Synthèse des débats
1En permettant la compréhension des relations de l'eau avec les autres éléments de l'environnement, l'éducation vise à la transformation des comportements des individus et des groupes humains dans leurs relations avec l'eau et avec les autres. S'agissant de conduites humaines, nous entrons de plein pied dans le domaine des représentations mentales, des valeurs, de l'éthique.
2Aujourd'hui, nous assistons à une invocation inflationniste du terme éthique, qui est inversement proportionnelle aux conduites qui règnent dans la société. Cela est symptomatique d'une époque qui perd ses repères et ses valeurs.
3Si l'on définit l'éthique comme la quête des valeurs universelles (ou universalisables) susceptibles de définir la dimension humaine de l'homme, alors force est de constater que nous en sommes encore à la préhistoire de l'humanité : des milliards d'êtres humains n'ont toujours pas accès à l'eau potable, ce qui montre que le progrès technique n'est pas forcément synonyme de progrès humain. Le vingtième siècle en particulier nous en a davantage appris sur l'inhumanité que sur notre humanité.
4Au-delà des problèmes d'éducation relative à l'eau, l'éducation sous toutes ses formes, de l'information à la formation en passant par l'éducation de base ou la sensibilisation, c'est l'éveil à une conscience de soi en tant qu'humain. Il convient de reprendre l'éducation à la racine, en l'adossant à l'idée d'une éthique. La redéfinir dans ses objectifs, ses méthodes, ses contenus.
5Mais "le problème de l'éducation, c'est l'éducateur". Pour transformer les autres, il faut transformer ses propres représentations mentales, il faut avoir une éthique en soi pour pouvoir la communiquer. Ce qui manque aux hommes ce ne sont pas des savoirs, la capacité d'augmenter ou d'accumuler des compétences mais de ressentir et comprendre que l'on fait partie d'une humanité commune. Il convient que l'éducation s'attache à faire de l'éthique une expérience de vie et de pensée. La pédagogie mise au service de cette éducation doit être capable de mettre en œuvre ce "ressentir humain" et les "savoirs humanisants" qui l'accompagnent.
6Cette pédagogie exige le partage des savoirs, ce qui suppose une reconnaissance d'autres savoirs que les savoirs institués, ou savoirs académiques.
7Cela passe aussi par la compétence des communautés éducatives. Cela nécessite des formations adaptées, où il sera question d'apprendre à travailler avec les autres.
8L'école, l'université, les médias et le monde associatif, la famille et les collectivités, tous acteurs du processus éducatif, doivent travailler en partenariat, sans frilosité, sur ce problème de l'éducation à une éthique de l'eau ; mieux, de l'environnement.
9Des acteurs qui doivent savoir aussi écouter. "On ne peut pas encourager un comportement bienveillant envers les autres et envers l'environnement à travers des cours et des conférences. L'enseignement doit être participatif (O.J. SIKES du FNUAP).
10Aujourd'hui, les droits internes et le droit international de l'eau ne permettent pas d'assurer un véritable droit à l'eau des populations. Education et éthique sont nécessaires pour changer de paradigme : gouvernance, participation, équilibre entre gestion traditionnelle et progrès technologique, prise en compte des cultures, approche par bassin versant, coopération, droit au développement, droit à l'environnement, droit à la paix, droit à la dignité, ...
Propositions d'actions concrètes
11Créer des groupes de travail "Ethique, Education, Pédagogie", pluridisciplinaires, pluri-institutionnels et associatifs. Un groupe de travail peut avoir pour mission : 1) de réfléchir sur les comportements individuels ou collectifs, sur la transformation des modes de vie et de penser, sur les stratégies nécessaires pour faciliter l'adoption d'une éthique de l'eau. Cette éthique, par les valeurs (coopération, protection, partage, solidarité, ...) qu'elle véhicule, doit accompagner toute réflexion sur l'extrême fragilité de l'environnement et la responsabilité individuelle/collective de son évolution, 2) de rappeler que les transformations sociales et politiques doivent être précédées et issues des transformations des personnes et des relations entre les personnes, 3) de permettre l'identification, la formation des éducateurs affectés à cette politique (qui fait aujourd'hui cruellement défaut), le développement de l'auto-formation, la mise en commun des compétences et des ressources mais aussi l'échange d'information, la comparaison des projets et la diffusion des outils nécessaires pour :
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Valoriser les actions, initiatives et projets existants dans le domaine de l'éducation relative à l'eau ou à l'environnement.
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Approfondir l'idée d'une éthique de l'action éducative et les liens existant entre éthique et pédagogie.
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Evaluer les compétences nécessaires aux actions éducatives à la mise en œuvre d'une politique visant l'émergence nationale d'une éthique de l'eau, éthique incarnant les valeurs de coopération, de partage, de respect, de solidarité,...
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Faire une étude sémantique du vocabulaire caractéristique de l'éducation environnementale et tenter de proposer des définitions claires à l'intention des acteurs de l'eau.
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Diffuser les processus facilitant une révolution des consciences régulièrement rappelés dans les discours … Mais les mots ne suffisent pas !
Pour citer cet article
Référence électronique
Bruno Mattei, René Jam et Houria Tazi Sadeq, « Session : eau, ethique, pedagogie », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 1 | décembre 2003, mis en ligne le 11 décembre 2003, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/2010 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.2010
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