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État des lieux sur la gestion et la gouvernance environnementales dans la région des Grands Lacs africains

Le comportement des producteurs et la cohérence des politiques alimentaires et environnementales au Burundi

Hassan Nusura et Gérard Rusuku

Résumés

Les habitudes alimentaires constituent un aspect important de la sécurité alimentaire, mais leur évolution est difficile à prévoir. Pour tenter une telle prévision, nous avons effectué une analyse socioéconomique montrant qu’en effet, à partir du comportement des producteurs, les mutations de la demande alimentaire peuvent être prédites et intégrées dans les politiques alimentaires et environnementales. L’analyse a porté sur des données récoltées dans les communes Kabarore et Rutegama. Les résultats montrent que les ménages agricoles préfèrent baser leur accès à l’alimentation sur les droits de production des aliments. Leurs préférences sont différenciées selon l’échelle de production alimentaire des exploitations agricoles. Lorsque l’échelle de production augmente, les agriculteurs ont tendance à substituer le manioc aux autres cultures. Des effets de substitution similaires peuvent surgir des mesures agronomiques ou environnementales visant l’augmentation des rendements et surprendre les intervenants. Pour éviter les conséquences perverses, les politiques alimentaires et environnementales devraient reconnaître la rationalité des choix des producteurs et s’y conformer en adoptant une double stratégie : d’une part, il faudrait axer les politiques d’offre alimentaire sur l’autosuffisance alimentaire au niveau national, et d’autre part, il suffirait de promouvoir l’accès aux intrants agricoles pour améliorer l’accès de la population à l’alimentation.

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Texte intégral

Introduction

1La sécurité alimentaire ne peut être assurée que lorsque l’environnement est protégé (Cassman et Harwood, 1995 ; Rosegrant et Cline, 2003). Les politiques de sécurité alimentaire comportent deux volets importants : la politique de l’offre et la politique de la demande (Young et Hobbs, 2002 ; Rentingô et Marsden, 2003). La politique de l’offre vise à garantir des disponibilités alimentaires suffisantes en quantité, en qualité et stables dans le temps et dans l’espace. La politique de la demande doit assurer la satisfaction de la demande en denrées alimentaires. La lecture de la Politique burundaise de sécurité alimentaire laisse entrevoir que cette politique a comme pilier ou stratégie, l’autosuffisance alimentaire ; c’est-à-dire que la production alimentaire domestique devra être en mesure de satisfaire la demande alimentaire. Ainsi, il est important d’évaluer cette demande afin de fournir aux producteurs des signaux appropriés et conformes à une gestion durable de l’environnement en général, et de la terre en particulier. La détermination du niveau de la demande est une chose délicate, car il faut non seulement considérer la demande actuelle mais aussi prédire et examiner sa dynamique (Regmi, 2001 ; Lesaffre, 2004). Celle-ci est malheureusement généralement vue sous l’angle de la croissance démographique. Les mutations des habitudes alimentaires sont très souvent ignorées, car leur évaluation requiert des analyses complexes de séries temporelles qui ne sont pas toujours disponibles ou des études de marché très coûteuses (Bouis, 1994). N’y a-t-il pas un moyen plus rapide mais efficace d’anticiper l’évolution des habitudes des consommateurs des denrées alimentaires ? Dans cette étude nous essayons de montrer qu’à partir du comportement actuel des agriculteurs, il y a lieu d’anticiper l’évolution future des choix de production et de consommation alimentaire. Nos analyses ont été faites à partir de données récoltées dans deux communes : la commune Kabarore de la province Kayanza et la commune Rutegama de la province Muramvya.

2Dans cet article, deux objectifs spécifiques sont poursuivis. Dans un premier temps nous analysons le rapport entre la fonction de consommation alimentaire et les choix des producteurs, tandis que, dans un second temps, nous examinons l’incidence des choix des producteurs sur les politiques alimentaires et la protection de l’environnement

Approches méthodologiques

Le site d’enquête

3Ce travail a été réalisé dans deux sites différents. Le premier site est situé dans la commune de Kabarore en province Kayanza et le second dans la commune de Rutegama en province Muramvya. À Kabarore, le site se situe dans la zone Jene et s’étend sur deux sous-collines frontalières : la sous-colline Ndaro (de la colline Jene) et la sous-colline Kinyovu (de la colline Rorero). À Rutegama, le site se trouve dans la zone Rutegama. Il comporte deux sous-collines contigües : la sous-colline Kabuguzo (de la colline Nyarunazi) et la sous-colline Mugogo (de la colline Munanira).

L’échantillon et les données collectées

4Les données analysées dans cette étude ont été obtenues lors de l’enquête réalisée auprès des 90 exploitants agricoles choisis au hasard dans les deux sites d’étude à raison de 45 exploitants par site.

5Le questionnaire d’enquête utilisé nous a permis de rassembler des données sur la nature et l’importance des productions réalisées par l’exploitation agricole, le niveau d’accès aux facteurs de production, la composition des repas, les préférences des membres des ménages et le niveau de satisfaction des besoins alimentaires. Et, les informations récoltées auprès des ménages agricoles ont été complétées par des données sur la composition en nutriments des aliments consommés au Burundi afin d’établir les bilans alimentaires.

La mesure des apports alimentaires

6Les apports énergétiques de la production alimentaire d’une exploitation agricole déterminée ont été mesurés à partir des éléments suivants :

  • i, un aliment quelconque produit au sein du ménage :

  • Pri, la quantité de production annuelle de l’aliment i (exprimée en kg par exemple) ;

  • Pei, le volume des pertes ;

  • εi, le contenu énergétique d’une quantité unitaire (exprimé en Kcal/kg) ;

  • πi, le contenu protéinique d’une quantité unitaire (exprimé en g/kg) ;

  • γi, le contenu lipidique d’une quantité unitaire (exprimé en g/kg par exemple) ;

  • n, le nombre d’aliments produits et consommés au sein du ménage ;

  • N, la taille du ménage considéré ;

  • Be, les besoins énergétiques par personne et par jour ;

7Les apports énergétiques (E) par personne et par jour ont été estimés par :

Les analyses statistiques et descriptives

8Les logiciels Excel et GenStat ont été utilisés pour réaliser tous les tests statistiques. La variabilité entre les exploitations agricoles a été mesurée afin d’identifier les déterminants du comportement des agriculteurs. Nous avons trouvé intéressant de voir comment l’échelle de l’exploitation agricole influence les choix des agriculteurs. L’importance de l’échelle de l’exploitation agricole a été analysée de deux façons. Nous avons d’abord estimé, par la régression simple, les paramètres de l’équation linéaire suivante : y = b + ax, où :

  • y : la part d’une culture quelconque dans les apports énergétiques ;

  • x : l’échelle de l’exploitation agricole envisagée sous trois angles : la taille de l’exploitation agricole, la superficie par personne, la production alimentaire de l’exploitation agricole.

9Nous avons ensuite comparé la part des différentes cultures dans l’alimentation des ménages pour les exploitations excédentaires et celles qui ne le sont pas. La ligne seuil du taux de couverture énergétique de 120 % a été utilisée.

Résultats obtenus

Situation alimentaire globale

10Les fréquences de prise de repas par jour par ménage montrent qu’à Kabarore aucun ménage ne prend 3 repas par jour, 31 % et 69 % des ménages prenant respectivement un et deux repas par jour (Figure 1). À Rutegama par contre, 20 % des ménages accèdent à trois repas par jour et aucun ménage ne prend un seul repas par jour (Figure 1).

Figure 1 : Distribution des ménages selon la fréquence de prise de repas.

Figure 1 : Distribution des ménages selon la fréquence de prise de repas.

11Ces résultats corroborent ceux des bilans alimentaires calculés sur la base de la production vivrière de l’exploitation dans les deux sites qui montrent que les apports alimentaires de l’exploitation agricole sont mieux équilibrés à Rutegama qu’à Kabarore (Figure 2). En effet à Rutegama le taux de couverture énergétique calculé s’élève à 84 % contre environ 65 % à Kabarore. En ce qui concerne les taux de couverture trouvés pour les protéines et les lipides, ils sont respectivement de 62 % (deux fois plus élevé que celui de Kabarore) et 29 % (environ cinq fois plus élevé que celui de Kabarore) (Figure 2).

Figure 2. Les apports de l’exploitation agricole à Kabarore et à Rutegama.

Figure 2. Les apports de l’exploitation agricole à Kabarore et à Rutegama.

Les cultures vivrières fondamentales pour les exploitants de Kabarore et Rutegama

12Les données que nous avons récoltées montrent qu’aussi bien à Kabarore qu’à Rutegama, les cultures fondamentales sont : le manioc, le haricot, la patate douce et la banane. Cependant, la place occupée par chacune de ces cultures dans les apports énergétiques de l’exploitation agricole varie d’un site à l’autre comme le montre très clairement la figure 3.

Figure 3. Part de principales cultures dans les apports énergétiques de l’exploitation à Kabarore et à Rutegama.

Figure 3. Part de principales cultures dans les apports énergétiques de l’exploitation à Kabarore et à Rutegama.
  • 1 La banane à bière a été exclue dans le calcul de la valeur énergétique.

13On remarque sur cette figure qu’à Kabarore, le manioc et la patate douce viennent en premier lieu avec respectivement plus d’un tiers et un quart des apports énergétiques de l’exploitation, alors que la banane1 ou le haricot représente moins d’un cinquième de ces apports. À Rutegama par contre, le manioc (avec moins d’un tiers des apports) est devancé par le haricot qui apporte le tiers des apports énergétiques.

14Ces situations moyennes calculées au niveau des apports des différentes cultures fondamentales des deux lieux d’études (Figure 3) masquent cependant l’hétérogénéité qui existe entre les exploitations agricoles (Tableau 1).

15Il découle en effet de ce tableau que pour toutes les quatre cultures, que ce soit à Kabarore ou à Rutegama, les exploitations agricoles sont hétérogènes : pour le haricot par exemple, dans un même lieu (cas de Rutegama ici), un exploitant décide de ne pas le produire alors qu’un autre choisit d’affecter toute sa superficie vivrière uniquement à cette culture.

Tableau 1. La variabilité des exploitations dans les apports énergétiques des cultures principales

Culture

Part dans les apports énergétiques de l’exploitation agricole

Kabarore

Rutegama

Minimum

Maximum

Écart-type

Minimum

Maximum

Écart-type

Banane

0 %

50 %

13 %

0 %

43 %

12 %

Manioc

0 %

93 %

25 %

0 %

76 %

17 %

Patate douce

0 %

76 %

20 %

0 %

86 %

18 %

Haricot

0 %

51 %

12 %

0 %

100 %

20 %

Des choix différenciés selon l’échelle de la production agricole

16Les résultats de la régression linéaire simple où l’échelle de l’exploitation représente la variable indépendante et la part des différentes cultures est la variable dépendante sont présentés dans les tableaux 2, 3 et 4.

17Concernant la variable taille de l’exploitation agricole, le tableau 2 suivant montre que, lorsque la taille de l’exploitation agricole augmente de « 1are » :

  • la part du manioc dans les apports énergétiques bénéficie d’une augmentation de 0,11 % à Kabarore et de 0,09 % à Rutegama. Le coefficient de variation est statistiquement significatif pour Kabarore (P-value =0,010) et pour Rutegama (P-value = 0,013) ;

  • la part du haricot dans les apports énergétiques connaît une diminution de 0,04 % à Kabarore et 0,08 % à Rutegema. Ces valeurs ne sont pas statistiquement différentes dans les deux milieux (p-value =0,48 pour Kabarore et 0,053 pour Rutegama) ;

  • la part du couple « banane et patate douce » dans les apports énergétiques diminue aussi bien à Kabarore qu’à Rutegama mais les coefficients trouvés sont statistiquement non significatifs.

Tableau 2. La part des différentes cultures dans les apports énergétiques ( %) en fonction de la taille de l’exploitation (ares)

Cultures

Paramètres de la régression linéaire simple

Kabarore

Rutegama

Valeur estimée

P-value

Valeur estimée

P-value

Manioc

Constante

0.2400

<.001

0.2007

<.001

Coefficient

0.001078

0.010

0.000854

0.013

Haricot

Constante

0.1999

<.001

0.3915

<.001

Coefficient

-0.000386

0.048

-0.000790

0.053

Banane et Patate douce

Constante

0.5168

<.001

0.3213

<.001

Coefficient

-0.000650

0.083

-0.000215

0.609

18Les tendances observées avec la première variable sont les mêmes que celles observées avec la variable « superficie de l’exploitation par membre de la famille » (Tableau 3). De ce tableau on peut déduire que, lorsque la superficie de l’exploitation agricole par membre du ménage augmente d’une portion de « 1 are » :

  • la part du manioc dans les apports énergétiques augmente de 0,2 % à Kabarore et de 0,5 % à Rutegama. Le taux d’augmentation est statistiquement hautement significatif pour Rutegama (p-value = 0,002), mais il est non significatif pour Kabarore ;

  • la part du haricot dans les apports énergétiques subit une réduction de 0,05 % à Kabarore (avec un p-value = 0,435) et une réduction statistiquement significative de 0,4 % à Rutegama (avec un p-value = 0,022) ;

  • la part du couple « banane et patate douce » dans les apports énergétiques diminue aussi, mais de façon non significative.

Tableau 3. La part ( %) des différentes cultures dans les apports énergétiques en fonction de la superficie (ares) par membre de la famille

Cultures

Paramètres de la régression linéaire simple

Kabarore

Rutegama

Valeur estimée

P-value

Valeur estimée

P-value

Manioc

Constante

0,3031

<.001

0,2022

<.001

Coefficient

0,00164

0,227

0,00461

0,002

Haricot

Constante

0,1756

<,001

0,3877

<.001

Coefficient

-0,000489

0,435

-0,00412

0,022

Banane + Patate douce

Constante

0,4609

<.001

0,3131

<.001

Coefficient

-0,00105

0,377

-0,00066

0,724

19Enfin, le tableau 4 révèle que, quand le taux de couverture énergétique assurée par la production alimentaire de l’exploitation agricole comme variable croît de « 1 % » :

  • la part du manioc dans les apports énergétiques augmente dans une proportion de 0,17 % à Kabarore et 0,05 % à Rutegama. Ces valeurs sont hautement significatives (p-value =0,005 pour Kabarore et 0,003 pour Rutegama) ;

  • la part du haricot dans les apports énergétiques diminue dans une proportion de 0,06 % à Kabarore et 0,05 % à Rutegama. Ces valeurs sont significatives aussi bien pour Kabarore (p-value =0,026) que pour Rutegama (p-value =0,025) ;

  • la part du couple « banane et patate douce » dans les apports énergétiques diminue de 0,11 % à Kabarore et de 0,005 %. Le taux de réduction est statistiquement significatif à Kabarore (p-value =0,047).

Tableau 4. La part des différentes cultures dans les apports énergétiques en fonction de la production alimentaire

Culture

Paramètres de la régression linéaire simple

Kabarore

Rutegama

Valeur estimée

P-value

Valeur estimée

P-value

Manioc

Constante

0.2145

<.001

0.2205

<.001

Coefficient

0.1669

0.005

0.0532

0.003

Haricot

Constante

0.2104

<.001

0.3718

<.001

Coefficient

-0.0617

0.026

-0.0479

0.025

Banane + Patate douce

Constante

0.5168

<.001

0.3078

<.001

Coefficient

-0.1057

0.047

-0.0049

0.825

20De façon résumée, nous pouvons dire que ces résultats concourent à montrer que lorsque la taille de l’exploitation augmente, la part du manioc dans la production alimentaire augmente, tandis que celle du haricot, de la banane et de la patate douce diminue.

21L’influence de l’échelle de l’exploitation est également visible lorsqu’on compare les exploitations excédentaires et celles qui ne le sont pas. Les exploitations visiblement excédentaires sont celles dont la production assure une couverture énergétique située au-delà de la zone de bonne nutrition énergétique qui est comprise entre les taux de couverture de 100 % et 120 %. Les exploitations non excédentaires réalisent une production alimentaire qui couvre moins de 120 % des besoins énergétiques. Les résultats relatifs sont synthétisés dans le tableau 5.

22Ces deux tableaux montrent que, la majorité des exploitations sont non excédentaires : 82 % des ménages du site de Kabarore et 78 % des ménages du site de Rutegama. Par rapport aux exploitations non excédentaires, celles qui sont excédentaires produisent, en termes relatifs, plus de manioc, moins de haricot, moins de patates douces (à Kabarore) et moins de bananes.

Tableau 5 : La part des principales cultures dans les apports énergétiques pour les exploitations excédentaires et les exploitations non excédentaires à Kabarore et à Rutegama.

Groupes d’exploitants

Effectifs d’exploitants

Part dans les apports énergétiques

Banane

Manioc

Patate douce

Haricot

Kabarore

Non excédentaires

(TCE < 120 %)

37

18 %

29 %

28 %

18 %

Excédentaires

(TCE ≥ 120 %)

8

17 %

52 %

16 %

13 %

Rutegama

Non excédentaires

(TCE < 120 %)

35

16 %

23 %

15 %

35 %

Excédentaires

(TCE ≥ 120 %)

10

9 %

42 %

17 %

23 %

TCE : Taux de couverture énergétique

Discussion des résultats

23Ces résultats constituent des éléments du comportement des agriculteurs. Ce comportement est traduit par les choix effectués par ces agents, c’est-à-dire, l’ensemble des décisions qu’ils prennent en vue d’atteindre des objectifs déterminés.

24La connaissance des objectifs qui impulsent les décisions des agriculteurs de notre zone d’étude en particulier et du pays en général revêt une importance primordiale pour les acteurs chargés de mener les interventions de politiques de sécurité alimentaire ou de protection de l’environnement. Avant d’examiner ces objectifs à la lumière de nos résultats, rappelons que l’exploitation agricole est un agent économique particulier. Contrairement aux autres entreprises qui assurent uniquement la fonction de production de biens et de services, elle intègre, à côté de la fonction de production, une autre fonction essentielle : la fonction de consommation (Brossier et al., 2003).

25L’analyse de cette juxtaposition de la fonction et celle de la production des exploitations enquêtées est une démarche indispensable pour dégager les vrais déterminants des fonctions de consommation et de la production et leurs implications sur la cohérence des politiques alimentaires et environnementales.

Juxtaposition de la fonction de production et de la fonction de consommation

26La confrontation des résultats des fréquences de prise des repas (figure 1) et des parts de la production vivrière de l’exploitation agricole dans la satisfaction des besoins alimentaires (figure 2) montre que la production alimentaire est l’élément primordial de la consommation alimentaire des ménages ruraux des zones enquêtés.

27Les implications de la juxtaposition des deux fonctions que nous rencontrons dans l’exploitation agricole peuvent être analysées à partir du schéma présenté dans la figure 4.

Figure 4 : Juxtaposition des fonctions de production et de consommation au sein d’une exploitation agricole.

Figure 4 : Juxtaposition des fonctions de production et de consommation au sein d’une exploitation agricole.

28Par ce schéma, nous voulons montrer que, derrière le flux des matières (les facteurs de production et les biens produits), il y a un processus de prise de décisions. Celui-ci se réalise dans le sens inverse de celui du flux des matières.

29Le point de départ du comportement des agriculteurs, c’est le bien-être ou la satisfaction des besoins en général, et des besoins alimentaires en particulier. L’acquisition des aliments se trouve à la tête de la chaîne de prise de décision ; autrement dit, la fonction de consommation alimentaire est le précurseur de la fonction de production alimentaire.

Analyse des déterminants de la fonction de consommation

30Les quatre cultures fondamentales que nous avons relevées à Kabarore et à Rutegama sont notamment le manioc, le haricot, la patate douce et la banane. Elles constituent aussi les aliments les plus couramment consommés.

31Elles représentent donc le choix de consommation alimentaire des ménages agricoles enquêtés et ce choix résulte non seulement des préférences alimentaires mais également du pouvoir d’achat ou revenu réel.

La source de revenus et la provenance des aliments consommés

32Le revenu peut être exprimé sous forme monétaire ou en nature et provenir de diverses sources. Les sources de revenus déterminent les quatre types de droits d’accès à la nourriture identifiés par Sen (1984) : les droits basés sur l’héritage, les droits basés sur la vente de la force de travail, les droits basés sur l’échange ainsi que les droits basés sur la production. Les agriculteurs ont surtout le choix entre les deux derniers types de droits.

33Les droits basés sur l’échange impliquent la production des cultures (ou autres spéculations) de rentes destinées au marché intérieur ou extérieur. Les revenus de vente sont alors utilisés à l’acquisition des aliments disponibles sur le marché. Les droits basés sur la production sont des droits directs liés à la production des aliments par les ménages. Ce type de droits est à l’origine de l’accès à la nourriture des ménages enquêtés. Il concerne aussi les 94 % de la population burundaise vivant de l’agriculture. En effet, au Burundi, les cultures vivrières occupent 90 % de la superficie cultivée (République du Burundi et FAO, 2008). Les interventions qui proposent aux agriculteurs d’autres alternatives d’accès à l’alimentation sans une analyse profonde des raisons de ce choix des agriculteurs risquent de produire des effets pervers inattendus.

Un comportement rationnel

34Il y a eu un temps où les analystes pensaient que, dans la réalisation de leurs choix, les agriculteurs se comportent de façon irrationnelle, autrement dit qu’ils prennent des décisions irraisonnables. Des analyses soigneuses ont montré que les agriculteurs ont un comportement rationnel (Assogba, 1993). Leurs décisions sont prises de manière raisonnable et visent à maximiser leur bien-être en minimisant le risque (Moschini et Hennessy, 2001). La maximisation du bien-être se voit dans le choix de trois cultures riches en glucides (les glucides constituant le nutriment le plus indispensable) et d’une culture riche en protéine. Nous entrevoyons dans ce choix, une certaine combinaison entre la quantité et la qualité de l’alimentation.

35La minimisation du risque explique la préférence des agriculteurs de fonder l’accès à la nourriture, non pas sur les droits d’échange mais plutôt sur les droits directs. Cet état de fait peut être examiné au niveau des deux aspects de l’accès à la nourriture, l’accès économique et l’accès physique. L’accès économique à l’alimentation dépend non seulement du revenu mais encore du prix des denrées alimentaires c’est-à-dire du pouvoir d’achat.

36Suite aux fluctuations qui caractérisent les prix des denrées alimentaires sur les marchés intérieurs et extérieurs (Nubukpo, 2000 ; Caron, 2009), l’accès à la nourriture basé sur les droits d’échange est très instable. Ainsi, en optant pour les droits directs, les agriculteurs améliorent la stabilité de leur accès économique à l’alimentation. C’est pour cette raison que les crises économiques ou les épisodes de cherté de la vie affectent beaucoup plus les catégories de population vivant dans les villes que celles qui vivent dans les campagnes.

37L’accès physique à l’alimentation se réfère au déplacement que le consommateur doit effectuer vers le lieu d’approvisionnement des denrées alimentaires. Il implique un coût supplémentaire au prix des biens sur le marché. Il s’agit du coût de transport qui peut être très élevé lorsque la distance à parcourir par le consommateur est élevée ou si l’état des voies de communication est mauvais. Les agriculteurs qui ont accès à la nourriture grâce aux droits d’échange doivent non seulement payer ce coût de transports, mais en plus ils sont exposés au risque de difficultés ou d’impossibilité d’accès physique aux marchés durant des périodes d’intempéries telles que les fortes pluies, les inondations, la destruction des ponts ou toute autre forme d’obstruction des voies de communication.

38Il convient de préciser que le choix des agriculteurs d’utiliser les droits de production pour l’accès aux aliments ne signifie pas qu’ils vivent en autarcie alimentaire. Les agriculteurs dont les moyens le permettent produisent des excédents alimentaires pour le marché. Ces excédents sont significatifs pour les 18 % des ménages de Kabarore et les 22 % des ménages de Rutegama qui peuvent assurer un taux de couverture énergétique supérieur à 120 %. Étant donné que ces ménages réalisent une production alimentaire contenant une quantité d’énergie située au-dessus de la limite supérieure de la zone de bonne nutrition, la vente d’excédents est indispensable pour éviter les déséquilibres alimentaires dus à la suralimentation. Globalement, au Burundi, les excédents alimentaires vendus sur le marché local constitueraient plus de 95 % de l’offre alimentaire totale (République du Burundi et FAO, 2008).

Manifestation des choix de consommation au niveau de la fonction de production

39Étant donné que les agriculteurs de notre zone d’étude ont choisi les droits de production alimentaire afin de garantir la satisfaction de leurs besoins alimentaires, leur fonction de production sera le reflet de leur fonction de consommation. Ils essaient de trouver la combinaison appropriée des facteurs de production disponibles, le travail et le capital, en vue d’acquérir le volume désiré des produits alimentaires choisis. Face à la diversité des produits alternatifs (Dufumier, 2006), des choix techniques s’imposent à l’exploitant agricole (Osty et al., 1997). Plusieurs déterminants vont orienter la manière d’agir des agriculteurs.

Des produits interconnectés réalisés sous diverses contraintes

40À cause de la limitation des ressources, les produits réalisés au sein d’une exploitation agricole seront toujours interdépendants, c’est-à-dire complémentaires ou substituables. La lecture des tableaux 2, 3, 4, 5 conduit à constater qu’il y a des aliments qui sont substitués par d’autres lorsque l’échelle de production alimentaire augmente au sein d’une exploitation agricole. Ces mécanismes de substitutions ont été confirmés par les affirmations des habitants des lieux d’étude. La patate douce est une culture généralisée, surtout dans les petites exploitations. C’est pourtant aussi l’aliment le moins désiré : 93 % et 80 % des personnes enquêtées respectivement à Kabarore et à Rutegama ont déclaré qu’ils réduiraient la consommation de cet aliment s’ils avaient plus de moyens.

41En revanche, ils souhaiteraient consommer plus de viande (respectivement 93 % et 80 % des enquêtés à Kabarore et à Rutegama) et plus de riz (62 % des enquêtés aussi bien à Kabarore et qu’à Rutegama). Le désir de consommer plus de viande expliquerait en partie la réduction relative de la production de haricot dans les exploitations de grande taille. Pour le manioc, bien que cet aliment soit déjà largement consommé, un certain nombre de ménages affirment qu’ils augmenteraient la fréquence de consommation de la pâte de manioc s’ils étaient plus riches (38 % des enquêtés à Kabarore et 18 % à Rutegama).

42Le manioc est visiblement la culture qui prend la place des autres cultures lorsque les contraintes qui limitent l’échelle de production sont réduites. Ces contraintes sont de plusieurs natures, mais les plus importantes sont d’ordre économique et technologique. Les contraintes économiques sont constituées par l’accès limité aux facteurs de production ou aux débouchés.

43L’accès au marché, par la présence de voie de communication menant à la ville de Gitega et à Bujumbura qui est la capitale du pays, peut expliquer pourquoi, à Rutegama, les grandes exploitations ne réduisent pas la part de la patate douce dans la production alors que cet aliment est le moins désiré. Les contraintes technologiques concernent les pratiques culturales et les technologies peu adéquates. La facilité de conservation du manioc dans le sol expliquerait la propension de cette culture au détriment de la banane consommée sous forme de légume ou de fruit.

44Les deux types de contraintes (économiques et technologiques) sont en principe la conséquence ou la cause d’autres contraintes tels que les contraintes démographiques, les contraintes sociales et culturelles (les réseaux sociaux, le niveau de formation…), les contraintes climatiques ainsi que les contraintes politiques et institutionnelles. Elles doivent être levées grâce à des mesures de politiques économiques, alimentaires et environnementales.

Le niveau de protection des ressources naturelles

45Le capital agricole est caractérisé par la prépondérance des ressources naturelles : le capital foncier (ou la terre) et les eaux. Ces ressources sont protégées quand elles sont combinées dans des proportions convenables avec les autres éléments du capital agricole, notamment le cheptel vif, le cheptel mort et les intrants agricoles (Bünemann, et al., 2006 ; Van Ittersum et Rabbinge, 1997). Le niveau de protection des ressources naturelles peut expliquer les choix des producteurs. En occurrence, ces derniers ont affirmé qu’ils substituent le manioc au haricot lorsque le sol se dégrade. Cette culture contribue beaucoup à la résorption du déséquilibre protéinique (voir figure 2).

46Cette figure montre que les apports alimentaires sont plus importants à Rutegama qu’à Kabarore. Nous pouvons constater que, du fait que le haricot est la première culture à Rutegama et la dernière à Kabarore, l’écart entre les taux de couverture des deux lieux d’étude est plus important pour les protéines que pour l’énergie. Ainsi, la diminution persistante de la production du haricot au Burundi est un signal d’alarme de la dégradation de l’environnement et de la qualité nutritionnelle.

Implication du comportement des agriculteurs sur les orientations politiques à prendre

Implication sur l’axe stratégique

47Les politiques alimentaires et de protection de l’environnement concourent à garantir la sécurité alimentaire. En partant de la définition de la sécurité alimentaire, nous pouvons identifier l’axe stratégique cohérent avec les choix des agriculteurs. Considérons celle de la FAO qui stipule que « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, salubre et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ». De cette définition, nous pouvons dégager les deux volets des politiques alimentaires : la politique de l’offre et la politique de la demande. La politique de l’offre est indispensable pour que la nourriture suffisante, salubre et nutritive soit disponible à tout moment, c’est-à-dire stable ou durable. À ce niveau-ci, deux éléments importants sont à noter. Le premier élément est la nécessité d’une forte liaison entre la politique de l’offre et la politique de l’environnement pour que les conditions de salubrité et de stabilité de la nourriture soient accomplies. Le deuxième élément concerne le choix de l’origine de l’offre. Au niveau national, l’offre alimentaire peut provenir de deux grandes origines : la production domestique ou les importations. Au Burundi, afin de ne pas isoler les agriculteurs qui constituent la majeure partie de la population, la meilleure alternative est celle qui tient compte de leur choix qui porte sur la production. Il s’agira de la stratégie d’autosuffisance alimentaire. L’autosuffisance alimentaire est la capacité d’un pays de satisfaire ses besoins alimentaires par sa propre production. Cette capacité n’exclut pas la possibilité d’exporter les excédents ou même de faire recours aux importations conjoncturelles dans les périodes de réductions inhabituelles de l’offre d’origine domestique. L’objectif d’autosuffisance alimentaire devrait ainsi bénéficier d’un regain d’intérêt et ressortir avec plus de vigueur dans les documents de politiques agricoles, alimentaires et environnementales.

48La politique de la demande alimentaire s’adresse à l’accès physique et économique, à la conformité aux préférences des consommateurs et à la nécessité de mener une vie saine. Pour garantir une vie saine, la politique de la demande alimentaire doit aussi se préoccuper de la protection de l’environnement. Certains choix alimentaires peuvent en effet contribuer à dégrader l’entourage des consommateurs (Carlsson-Kanyama, 1998). Les consommateurs qui sont ciblés prioritairement appartiennent à des catégories de personnes vulnérables, essentiellement les pauvres. Au Burundi, le milieu rural, habité par les agriculteurs, est le plus pauvre. Ainsi, l’accès des agriculteurs à la nourriture est la meilleure option stratégique de la politique de la demande alimentaire. Étant donné la préférence des agriculteurs déjà expliquée plus haut, et en accord avec l’objectif d’autosuffisance alimentaire au niveau national, le rôle principal de cette politique alimentaire serait tout simplement de permettre aux agriculteurs un accès stable aux facteurs de production et de s’assurer que la gamme des facteurs disponibles est compatible avec la préservation de l’environnement.

Implication sur la nature des interventions

49Pour permettre aux agriculteurs l’accès aux intrants et garantir l’autosuffisance alimentaire et la protection de l’environnement, deux grandes catégories d’interventions peuvent être envisagées : celles qui visent l’augmentation des rendements des productions agricoles existantes et celles qui introduisent un nouveau type de production.

50Les interventions qui peuvent conduire à l’augmentation des rendements sont par exemple la subvention des intrants, les semences améliorées, l’introduction de pratiques culturales améliorées, les techniques de lutte antiérosive. Leurs incidences doivent être analysées à priori, car elles engendrent des effets de substitution entre cultures similaires à ceux décrits plus haut et qui résultent de l’augmentation de la taille de l’exploitation agricole. Par exemple, si les rendements de la patate douce et du manioc doublent en même temps, les exploitations de Kabarore auront tendance à réduire la superficie attribuée à la patate douce en faveur du manioc.

51Les interventions en rapport avec l’introduction d’une nouvelle espèce, race ou variété se feront généralement au détriment d’une production existante. Elles peuvent engendrer un coût d’opportunité élevé et induire une perturbation dans le système de production établi pendant une longue période (Lobao et Meyer, 2001 ; Asner et al., 2004). Elles doivent donc être menées avec beaucoup de précautions. Elles sont mieux appropriées si elles accompagnent les interventions qui augmentent les rendements des productions existantes. Par exemple, si l’on procède à un usage supplémentaire de la patate douce prise en compte, notamment dans l’alimentation animale, la production de cette culture à une échelle plus grande peut mieux intéresser les agriculteurs.

Conclusion

52Les analyses faites dans cette étude ont consisté à montrer qu’à partir des choix actuels des agriculteurs, on peut comprendre leurs préférences alimentaires et prédire l’évolution des différentes cultures alimentaires avec l’accroissement de l’échelle de production des exploitations agricoles. L’exploitation agricole est en effet un lieu de confrontation de deux fonctions importantes pour la sécurité alimentaire : la fonction de production et la fonction de consommation.

53Les agriculteurs du Burundi préfèrent baser l’accès à l’alimentation sur les droits de production alimentaire. En reconnaissant la rationalité de leur comportement, les politiques alimentaires et environnementales devraient avoir comme orientation stratégique, la combinaison des deux éléments suivants : l’autosuffisance alimentaire au niveau national et l’accès aux facteurs de productions au niveau des exploitants agricoles.

54En pratique, les préférences des agriculteurs par rapport aux cultures qui semblent fondamentales devront être examinées judicieusement. Un plan comportant la dynamique future des cultures fondamentales par région et par commune devrait être un outil de base pour orienter les politiques. C’est alors que le besoin primaire des agriculteurs, celui d’accéder aux facteurs de production conformes à leurs choix et compatibles avec une bonne gestion de la terre, pourra être satisfait. Il serait aussi nécessaire d’incorporer les axes énumérés ci-dessous à la politique de sécurité alimentaire :

55Développer les avantages comparatifs. Cette mesure demanderait d’instaurer des programmes par commune. Elle exigera une connexion de la politique alimentaire nationale à la politique de développement communal.

56Soutenir économiquement les agriculteurs par la subvention des intrants agricoles. Il est préférable de consentir des dépenses liées aux subventions que distribuer de l’aide alimentaire. L’émergence des aides fournit des signaux qui perturbent les mécanismes de décision des agriculteurs. Il faudra donc voir s’il ne serait pas plus efficace de pratiquer la politique des travaux permettant d’obtenir des intrants agricoles que des travaux pour un montant financier.

57Établir des mécanismes de coordination et orienter les acteurs de développement par rapport aux besoins prioritaires de la politique alimentaire : région (commune), tranche de la population, espèce, race ou variété, technique d’aménagement ou pratique culturale préconisées par la politique. Une anarchie au niveau des organisations et institutions œuvrant dans le milieu rural donne l’impression de tâtonnement perpétuel aux agriculteurs, ce qui les pousse à prendre des positions rigides. Il sera sûrement plus soutenable et durable de renforcer les capacités des agricultrices et promouvoir les spéculations réservées aux femmes (cultures alimentaires, petites élevages) que de développer à long terme des programmes de prises en charge nutritionnelles des femmes et des enfants.

Remerciements

58Nous remercions l’association « Appui au développement intégral et à la solidarité sur les collines (ADISCO) » pour la coordination des activités du projet PGRN au Burundi. Nous sommes aussi reconnaissants aux étudiants, Félix Nibizi et Angelos Niyomuvunyi pour leur aide dans la collecte des données sur terrain et le dépouillement des questionnaires d’enquête.

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Bibliographie

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Notes

1 La banane à bière a été exclue dans le calcul de la valeur énergétique.

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Table des illustrations

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Titre Figure 1 : Distribution des ménages selon la fréquence de prise de repas.
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Titre Figure 2. Les apports de l’exploitation agricole à Kabarore et à Rutegama.
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Titre Figure 3. Part de principales cultures dans les apports énergétiques de l’exploitation à Kabarore et à Rutegama.
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Titre Figure 4 : Juxtaposition des fonctions de production et de consommation au sein d’une exploitation agricole.
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Pour citer cet article

Référence électronique

Hassan Nusura et Gérard Rusuku, « Le comportement des producteurs et la cohérence des politiques alimentaires et environnementales au Burundi »VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 17 | septembre 2013, mis en ligne le 12 septembre 2013, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/13802 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.13802

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Auteurs

Hassan Nusura

Faculté des Sciences agronomiques, Université du Burundi, Bujumbura
BP 2940 Bujumbura, Burundi. Courriel : hnusura@hotmail.com

Gérard Rusuku

Faculté des Sciences agronomiques, Université du Burundi, Bujumbura
BP 2940 Bujumbura, Burundi. Courriel : hnusura@hotmail.com

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